Le 14 juillet 2022 j’ai rencontré Gabriel di Meglio, le conservateur du Museo Histórico Nacional de Buenos Aires.
L’histoire de ce musée fondé à la fin des années 1880 est différente de celle du musée historique de la Province de Buenos Aires de Lujan visité en décembre 2021 (https://scicomove.hypotheses.org/963). Si ses collections trouvent leur origine dans les collectes et les travaux d’érudits locaux, comme c’est le cas à Lujan, elles ont été assemblées en fonction d’un projet scientifique et idéologique différent. Il ne s’agit pas ici de mettre l’accent sur la période coloniale qui précède l’indépendance, mais au contraire de centrer le musée sur l’histoire de cette indépendance nationale, sur ses grands acteurs et sur les conflits armés du 19e siècle qui ont établi et stabilisé les frontières nationales.
Les collections sont essentiellement constituées d’objets liés à cette histoire, bien qu’elles contiennent aussi quelques séries venues d’Europe achetées dans les premières années du musée, notamment en numismatique. Mais la circulation des idées y est sensible d’une autre manière. Elle se lit par exemple dans l’appropriation et la transformation d’idées venues de la Révolution française, dont l’influence a pu être renforcée par la présence de migrants politiques français, par exemple de membres des armées napoléoniennes ayant quitté la France après la chute de l’Empire en 1815. Cette appropriation prend, entre autres aspects, la forme d’un syncrétisme iconographique qui mêle symboles révolutionnaires français et imagerie locale.

La « Tarja de Potosí » offerte en 1813 par des patriotes locales au général Manuel Belgrano en fournit une illustration. Destinée à célébrer la liberté et l’union des provinces du sud du continent américain, elle est surmontée d’une figure d’indien sans-culotte. De fait Belgrano, qui avait étudié le droit à l’Université de Salamanque entre 1786 et 1793, avait lu les philosophes des Lumières et suivi le déroulement de la révolution en France. Acteur central des luttes d’indépendance, il associe ces combats contre la domination espagnole à un projet libéral et réformateur, y compris en faveur des indigènes.
Le musée possède et conserve sur place des archives importantes qui permettent de documenter son histoire.
Références:
Carolina Carman, Los orígenes del Museo Histórico Nacional, Buenos Aires, Prometeo Libros, 2013.
Laura Malosetti Costa, “Aesthetic Artefacts or Documents? Museums of Art and History in Late Nineteenth-Century Buenos Aires”, Museum History Journal, 2016, 9:1, 108-120, DOI: 10.1080/19369816.2015.1118260

On July 14, 2022 I met Gabriel di Meglio, the curator of the Museo Histórico Nacional in Buenos Aires.
The history of this museum, founded in the late 1880s, is different from that of the Historical Museum of the Province of Buenos Aires in Lujan, visited in December 2021 (https://scicomove.hypotheses.org/963). While its collections originated in the collections and works of local scholars, as is the case of Lujan, they were gathered according to a different scientific and ideological agenda. The aim here was not to emphasize the colonial period that preceded independence, but rather to focus on the history of national independence, its major actors and the armed conflicts of the 19th century that settled and stabilized the national borders.
The collections are essentially formed of artifacts related to this history, although they also contain a few series of European artifacts purchased in the early years of the museum, most notably in numismatics. However, the circulation of ideas is noticeable in other respects. It is reflected, for example, in the appropriation and transformation of ideas stemming from the French Revolution, whose influence may have been reinforced by the presence of French political immigrants, for example soldiers of Napoleon who left France after the fall of the Empire in 1815. This appropriation takes, among other aspects, the form of an iconographic syncretism that mixes French revolutionary symbols and local imagery.
The “Tarja de Potosí” presented in 1813 by local patriots to General Manuel Belgrano is a good example. Intended to be a symbol of the freedom and union of the southern provinces of the Americas, it is crowned by a figure of a sans-culotte Indian. In fact, Belgrano, who had studied law at the University of Salamanca between 1786 and 1793, had read the Enlightenment philosophers and followed the progress of the revolution in France. A central protagonist of the independence struggles, he associated the fight against Spanish domination with a liberal and reformist agenda, also in favor of the natives.
The museum keeps important archives that document its history.
References:
Carolina Carman, Los orígenes del Museo Histórico Nacional. Buenos Aires, Prometeo Libros, 2013.
Laura Malosetti Costa, “Aesthetic Artefacts or Documents? Museums of Art and History in Late Nineteenth-Century Buenos Aires”, Museum History Journal, 2016, 9:1, 108-120, DOI: 10.1080/19369816.2015.1118260
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natrichard (August 22, 2022). Une visite de Nathalie Richard au Musée historique national de Buenos Aires/Nathalie Richard’s visit to the National Historical Museum of Buenos Aires. SciCoMove — Scientific Collections on the Move. Retrieved April 28, 2025 from https://doi.org/10.58079/twt1